Le QE veut ajouter au QI cette part de l’intelligence qui semble un peu échapper à nos instruments d’évaluation, parce que les êtres humains que nous sommes se distinguent par une capacité hautement différenciée que l’on appelle l’intuition ou la sensibilité (dont il ne faut d’ailleurs pas oublier que le QI a aussi l’ambition de prendre en compte). C’est parfois elle que l’on entend désigner lorsqu’on parle d’« intelligence », et qui permet de juger ou de discerner sans faire appel à un quotient proprement « intellectuel ».
Cette faculté tient aux mystères de l’intelligence humaine, à une faculté de jugement que l’on est finalement bien en peine de mesurer. Comment en effet quantifier le tact de ce manager qui va ajourner son contrôle afin de protéger la motivation ou la créativité d’un collaborateur ? Qu’est-ce qui fait la nécessité de rappeler les règles avec insistance ou bien au contraire de les concevoir avec une plus grande souplesse ? Ce discernement, sans lequel le management est ramené à une simple technique, a la profondeur d’une culture, d’un savoir-être qu’il ne semble pas vraiment possible d’envisager en termes de quantité.
Dans le QE, c’est finalement le terme « quotient » qui appelle le plus de réserve, car il se rapporte au paradigme quantitatif auquel il a pourtant la prétention de résister. Quand oserons-nous enfin parler de la culture du manager, et faire ainsi référence à un cadre épistémologique bien plus adapté aux exigences de sa mission ?