Les établissements médicaux, paramédicaux et de santé dans lesquels nous sommes aussi amenés à intervenir posent la question de la prévention, ainsi de ce qu’il est à présent convenu d’appeler l’éducation à la santé. Nous avons donc réfléchi à cette question, prenant comme point de départ peu contestable le fait que la prévention implique une politique de santé capable de véritablement anticiper les troubles et les pathologies.
Nous faisons l’hypothèse que les actions de prévention restent majoritairement conduites sur un mode thérapeutique et sous l’influence des procédés curatifs. Le plus souvent en effet, on est tenté de sensibiliser à des mesures de prévention comme on prescrit un remède, incitant à des précautions voisines des mesures curatives.
Ce travail de terrain est indispensable, mais la prévention implique une dimension éducative que l’approche thérapeutique ne peut assumer seule, et les actuelles politiques d’éducation à la santé reconnaissent d’ailleurs quelles réflexions il reste à mener dans ce domaine. L’éducation à la santé nous semble encore trop influencée par le mode curatif pour tenir ses promesses, et nécessite un complément non-thérapeutique dont les sciences humaines ont la vocation naturelle de fournir les premiers éléments. Cette transversalité des savoirs ouvre même aux politiques de prévention un continent du savoir pratiquement inconnu jusqu’alors.
Une approche non-thérapeutique est mieux à même d’assumer la dimension éducative de la prévention, et passe d’une dimension prescriptive (sur le mode de l’avoir), à la dimension intégrative (sur le mode de l’être) d’une véritable éducation à la santé. Au-delà de la simple information, cette approche a effectivement l’ambition de rendre le patient actif relativement à la question de son bien-être, et de lui donner les outils lui permettant une gestion autonome et responsable de son capital santé.
Les politiques de prévention doivent approfondir leurs visées jusqu’à cette dimension non-thérapeutique et véritablement éducative de la santé, et susciter pour demain une réflexion que l’approche thérapeutique appelle d’ailleurs explicitement comme son complément nécessaire.

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