L’ouvrage de Michela Marzano, Extension du domaine de la manipulation, qui vient de paraître aux éditions Grasset, annonce une profonde remise en question des pratiques managériales en entreprise. Ce travail a l’immense mérite de mettre la culture philosophique à contribution d’une meilleure compréhension du monde de l’entreprise, et fait finalement entendre combien nous sommes aujourd’hui à l’âge des sophistes.
Un des rouages de la manipulation managériale tient à un étrange usage des promesses de liberté et d’autonomie ; promesses auxquelles il est effectivement difficile de résister, mais qui peuvent aussi être le moyen d’une manipulation d’autant plus perverse qu’elle aurait des airs d’émancipation
L’ouvrage de Michela Marzano décrit très bien cette sorte d’intériorisation des contraintes et des normes qui rend superflu la surveillance et la sanction. Par le fait d’une certaine manipulation des mentalités, les salariés culpabilisent eux-mêmes de ne pas satisfaire aux exigences d’un supérieur qui, bien entendu, se présente comme une personne ressource au service de l’accomplissement personnel… Nul besoin de te surveiller, écrivait Karel Kosik, tu te surveilles toi-même.
Le travail de Michela Marzano est aussi l’annonce d’une exigence de qualité pour le management, et d’une intelligence en entreprise au service de laquelle Gaeris Sciences Humaines entend jouer un rôle majeur.
Il est possible de de voir les choses comme de la manipulation avec une victimisation +ou- consentante des subordonnés. Théorie de la conspiration des managers.
Mais on peut le voir également comme un moyen de faire prendre conscience à des salariés de leur valeur, de leur permettre d’évoluer d’une position de passivité vers un rôle actif.
Pourquoi un salarié ne ferai pas à son travail ce qu’il fait souvent chez lui ? Pour quoi un salarié n’aurait -il droit qu’à subir ?
Une dernière remarque, les « manipulations manageriales » puisent leur fondement dans les études psychologiques, la fameuse pyramide de Maslow remise à toutes les sauces.
Il est certain de pour les esprits étroits de certains manager « objectiver » est suffisant pour faire avancer des salariés, ils oublient qu’il faut aussi donner du sens à l’objectf.
Je vous renvoi à l’histoire de la bataille de Vimy (62) pendant la guerre 1914-1918 et à la victoire des troupes canadiennes belle leçon de management en ces temps de boucherie ( et je suis sérieux)