Face à la multitude des méthodes proposées pour une meilleure gestion du stress – sophrologie, relaxation, méditation, PNL, coaching, méthodes cognitivo-comportementaliste – les personnes ou les institutions qui traversent une crise majeure (entendons une période de stress aigüe) ne savent pas toujours vers quelle méthode se tourner.
Chaque technique défendra son efficacité, comme un prêtre sa paroisse. Certains, finalement plus éclectiques qu’ecclésiastiques… proposeront une synthèse de plusieurs méthodes. Le choix de l’usager se fera le plus souvent par connaissance (« un tel m’a dit que c’était très efficace ») ou par élimination suite aux déceptions nées des tentatives précédentes.
Des études scientifiques dans le domaine du stress et de l’anxiété se sont pourtant déjà penchées sur un certain nombre de méthodes afin de rendre un compte objectif de leurs effets. Une étude américaine déjà ancienne, et reportée dans l’ouvrage de Jean Rivolier L’homme stressé (1989), nous semble particulièrement digne d’attention dans la mesure où elle se penche sur plusieurs méthodes de gestion du stress (à savoir la relaxation, l’auto-suggestion, la méditation, la désensibilisation systématique, la méthode de « vider son sac » avec écoute compréhensive, le conseil, l’apaisement de crise, le jugements des pairs) avant, pendant et après un évènement particulièrement stressant.
Dans leurs grandes lignes, les résultats nous indiquent que les méthodes dites traditionnelles de relaxation (auto-suggestion, relaxation, méditation) sont très efficaces avant et après la période de stress, ceci pour l’ensemble des symptômes caractéristiques du stress. Pendant la crise, la possibilité de « vider son sac » (par la méthode dite de ventilation) et de recevoir des conseils permet quant à elle de bien gérer la crise émotionnelle. Mais la méthode qui présente les meilleurs scores en général et dans les 3 périodes temporelles (avant, pendant, et après) est le conseil au stressé. Cette méthode consiste essentiellement à définir le problème, et à faire ressortir ce qui est efficace et ce qui ne l’est pas pour affronter la crise.
Comme toute étude scientifique, les résultats sont à replacer dans leur cadre expérimental et au regard de la population concernée. Dans le cas présent les sujets sont des militaires en situation de combat, mais les résultats de cette étude font déjà voir l’intérêt qu’il y aurait à étendre l’échantillon de population à d’autres catégories professionnelles.
Du point de vue interprétatif, et au regard de la méthodologie de conseil utilisée par Gaeris, ces résultats soulignent encore la puissance pratique de la rationalité relativement aux stratégies d’ajustement au stress. Poser le problème, en repérer les enjeux à la lumière d’une analyse logique et faire ressortir les stratégies efficaces, est essentiellement une pratique de la rationalité. En Grèce, les philosophes soulignaient déjà « la puissance magique du logos », et savaient combien l’éclairage de la raison est tout d’abord un point de repère pour l’action…
Tableau des résultats expérimentaux