Avr 7

Autorité et légitimité

La façon dont on regarde le pouvoir qui s’exerce sur nous en milieu professionnel dépend à la fois de notre sensibilité et de nos convictions, et implique donc les racines psychologiques et philosophiques du management.

La sensibilité tout d’abord. Le fait d’accepter un pouvoir comme justifié, et partant de reconnaitre une autorité, est effectivement affaire de ressenti. Ce fait de « se sentir bien » avec son supérieur dépend d’ailleurs de la subjectivité et des affinités naturelles de chacun.

La conviction ensuite. Au-delà de la psychologie des acteurs, la légitimité du pouvoir tient surtout au fait qu’on l’estime justifié, ce qui est ici davantage du domaine de la pensée que du sentiment.

L’autorité du manager est donc ce « je ne sais quoi » qui convainc la sensibilité (psychologie) et les idées (philosophie) de ses collaborateurs d’accepter le pouvoir qu’il exerce sur eux.

Parce qu’une véritable et saine autorité ne se satisfait pas de conventions statutairement imposées, mais tient plus profondément encore à ce que l’on ressent et à ce que l’on pense. Laissant la complexité des ressentis de côté, la façon la plus éthique, mais aussi la plus puissante, de faire accepter son pouvoir comme légitime… est encore de faire en sorte qu’il le soit. Or c’est lorsque la valeur et le sens de ce que propose le manager dépassent les limites de sa propre personne, et se montre ainsi digne de retenir l’attention du plus grand nombre, que l’on dépasse le simple pouvoir de contrôle. C’est en quelque sorte l’autorité objective de ce dont il est porteur qui déteint sur la personne du manager, tandis que l’humeur ou le trait de caractère a des racines trop subjectives pour pouvoir durablement convaincre. Cela n’est pas loin de signifier que le manager doit s’effacer derrière la valeur et la signification objectives de ce qu’il propose, s’en faisant finalement l’interprète et l’intermédiaire, et recevant ainsi des suffrages qui se rapportent en réalité bien davantage à ce dont il est porteur qu’à lui-même. Cela signifie aussi qu’un manager qui n’a rien d’intéressant à proposer ne pourra asseoir son autorité que sur lui-même… et n’aura alors d’autres choix que d’être autoritaire et de se rabattre sur le pouvoir.

Mais il est vrai que tous les projets n’ont pas un potentiel de valeur et de signification qui fasse suffisamment autorité pour dispenser les managers d’exercer leur pouvoir. La réalité nous met alors en présence de tâches qui aliènent l’homme sans lui apporter d’autres promesses que son salaire. Dans ce cas, et jusqu’à nouvel ordre, le pouvoir de la contrainte commande les corps mais offusque les esprits, mettant par là même l’autorité hors champ…

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